Citadelle de Doullens
À Doullens, la plus ancienne place fortifiée de France, se trouve une citadelle érigée bien avant l'époque de Vauban. Il s'agit de l'un des plus beaux ensembles d'architecture militaire de l'époque moderne du nord de la France.
Pendant cinq siècles, la citadelle servit tour à tour de forteresse, d'hôpital militaire lors de la Première Guerre mondiale, de centre de détention pour femmes durant la seconde, puis, de camp d'enfermement pour les harkis après l'indépendance de l'Algérie.
Aujourd'hui, le projet culturel de SOMME PATRIMOINE vise à faire découvrir l'histoire de la citadelle au plus grand nombre, tout en sensibilisant à la préservation et à la conservation du patrimoine architectural. La Citadelle est ouverte à la visite d'avril à novembre.
Liens utiles
03 22 97 21 60 (Citadelle)
À voir et visiter
Les fortifications
C'est François Ier, en novembre 1521, qui décide de renforcer les fortifications médiévales de la ville de Doullens, considérée alors comme un point stratégique dans le nord du Royaume.
Les nouvelles fortifications, avec leurs dispositifs imaginés pour rivaliser avec les nouveautés de l'artillerie de l'époque, sont érigées en 1530.
Plus tard, l'ensemble fortifié sera davantage développé sous les ordres de Henri IV.
Au sein des remparts sont également situées des galeries de contre-mines, longues d'un kilomètre.
Celles-ci étaient un moyen pour les soldats de défendre les murailles par les armes tout en restant "à couvert."
Aujourd'hui, les espaces verts de la Citadelle sont entretenus grâce à l'éco-pâturage.
La prison (ou le "Mitard")
C'est dans l'ancienne poudrière que se situent les cellules d'isolement du Mitard. Il s'agissait, au départ, d'une simple prison pour femmes.
Puis, celle-ci a été reconvertie en centre de préservation pour jeunes filles. À cet endroit étaient envoyées et enfermées des jeunes filles aux comportements jugés déviants pour l'époque, tels que les grossesses hors mariage.
Le personnage le plus emblématique du lieu est Albertine Sarrazin, évadée le 19 avril 1957.
La prison ferme officiellement ses portes en 1959.
Par la suite, Albertine publiera plusieurs romans restituant la mémoire des prisonnières de la Citadelle. Elle décédera finalement en 1967, au jeune âge de 29 ans.
L'histoire du lieu est aujourd'hui représentée grâce aux œuvres du collectif d'artistes Curb.
Ces œuvres, mises en scène dans certaines cellules, permettent d'honorer la mémoire de ces femmes enfermées et de marquer visuellement le visiteur lors de sa visite.
Le Blockhaus
C'est en 1943 que le blockhaus de la citadelle voit le jour, avec l'invasion allemande. Le but est de construire un poste de commandement, d'analyse de tir et un dispositif météorologique pour le lancement de missiles V1.
Cet imposant ouvrage souterrain, entièrement réalisé en béton armé, s'étend sur plus de 2 000 m².
Dès avril 1944, la citadelle devient le site principal de la SS Baubrigade V, composée de plus de 2 500 déportés issus du camp de Buchenwald.
En juin et août 1944, le Blockhaus est bombardé plusieurs fois par les Américains, sans succès.
Les obus atterrirent dans le centre-ville de Doullens, détruisant alors 1/4 de la ville et une partie des remparts de la citadelle.
Éléments de la Citadelle
Bien que ses fonctions aient changé au cours de son histoire, la Citadelle de Doullens conserve le même fil rouge : l'enfermement.
En effet, dès lors que Doullens perd son importance stratégique en 1659, avec le rattachement de l'Artois au Royaume de France par le traité des Pyrénées, la citadelle se transforme en vrai lieu de détention.
Les casernements deviennent des cachots et des cellules, et la citadelle remplit diverses fonctions au fil du temps : prison d'État, centre de détention politique, maison d'arrêt, puis maison centrale de force et de correction pour femmes.
Elle évolue ensuite en colonie pénitentiaire, devenant la première école de préservation pour jeunes filles, inaugurée le 1ᵉʳ janvier 1895.
Il s'agit de la période la plus longue et la mieux documentée de son histoire.
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